jeudi 29 novembre 2012

Novembre neige

Tu ne prend plus la peine
d'écrire des poèmes
t'es saoul trop souvent
pour te pencher là-dedans
la nuit tout est blanc
son sourire découpe des prières
derrière tes paupières
longtemps perforées
gémissement de peau
calcinée comme une année de trop
tu es fermé sans organes
dans l'habitacle de lumière
à bout de bras
tu te lances au loin
percutes tes souvenirs
l'alcool perce les murs
rôde dans les rues
c'est l'hiver
ton lit manque de bras
tes draps manquent de sueur
ton corps manque sa chute
tu gaspilles ton sang
en petits rêves informes
amours fausse-couche
tu dormiras dedans
longtemps aveugle à surnager
étourdi le plafond spinne
avec les caresses des fantômes
glace sèche fichée entre les épaules

il fait froid et
tu vis seul depuis un an.

vendredi 23 novembre 2012

Drunk sur la plaza

Tu reviens d'un show
électro crunchy comme ton commodore 64
les yeux fermés tu te balances
doucement dans ton absence
t'écoutes pas la bonne musique
y'a juste des gars dans la place
sauf deux filles les amies de ton ami
mais il se sauve sans les saluer
sans leur faire la bise sans rien
pis toi tu le suis dehors
comme un sauvage
comme un décapité du savoir vivre
il disparaît à beaubien tu fonces sur la plaza
st-hubert déserte presque minuit
vers le nord seul après deux bières
déjà drunk enroulé
de milliards de robes de mariée
elles trouveront jamais preneur
hurlantes dans leurs vitrines
tu y crisserais le feu
jusqu'à la lune
tu leur pisserais dessus
pour les éteindre
tu leur ris dans le collet
poitrines creuses en spécial
rêves vente de fermeture
alliances de carton
noces de vidanges.

mercredi 21 novembre 2012

La fenêtre enserre comme un étau

Je veux te montrer
l'impasse où j'existe
les freins les murs les chiens
planent à ma poursuite
regarde
allongé je gaspille le jour
je fixe le ciel
en expédition immobile
à ne plus franchir
les rebords de mon lit
avalanche
enseveli
j'embouteille mes veines
avec
l'increvable stupidité fondamentale
de me vouloir désiré.

samedi 17 novembre 2012

Dead Tired

Nos appartements sont des corridors
on se perdra en chemin
en grimpant dans nos lits

on a chacun nos machines
alignées si elles brisent on les remplace
comme nos amours
les électroménagers jusqu'au plafond
entonnent un hymne
de moteur de motoneige scrap
remplir noyer l'espace
le jeter en punition sur le balcon

on a vu l'espoir ses yeux jaunes
ton char roule dessus.

mercredi 14 novembre 2012

Gratitude

Merci pour
les mains capables
de saisir un livre
les yeux capables
de s'ouvrir
de lire

merci pour
la caféine qui souffle
un grand-prix dans mes
veines
merci pour
le sommeil qui arrive à l'heure
depuis que je bois trop

merci pour
les ciseaux de castration
les enfants en laisse
merci pour
les interrupteurs à l'envers

merci de confondre
le flash aveuglant
avec l'éveil
même si je sais bien
ce n'est rien d'autre
qu'une ampoule qui brûle.

mardi 13 novembre 2012

Je ne me souviens pas d'avoir écrit ce poème

Ô ultrabière
de désir castré tu ne
paie rien pour attendre tu verras
qui a la plus longue
absence incompréhensible
la vapeur te regarde
un lit des chats d'autres
retours à la ligne
il n'y a rien à
expurger
personne ne lit rien
je pourrais mettre en
ligne
les morceaux rejetés
personne
nulle part
n'en saura rien.

dimanche 11 novembre 2012

Rituel

Tous mes sacs sont troués
abrité sous mon capuchon
je verse le scotch dans le verre à eau
penche la tête à l'embouchure
penche la tête pour mieux l'ouvrir
ferme les yeux
ferme les archives
prend un grand respir
les vapeurs brûlent quelque chose
mais quoi

il n'y a pas de manuel d'instruction
pour atteindre le fond
de la bouteille
avant même de boire
la moindre gorgée
le contenu entier de l'appartement
glisse dehors.

jeudi 8 novembre 2012

Nord de Faillon

Le café pisse dans ma tasse
La nuit me surprend
les culottes baissées
de toutes petites torpeurs
habitent derrière l'usine à neige
la saison des fêtes
m'attend en face du métro
j'ai mis trop de temps
dans la tirelire à bourrer mes poches
le désir en retenue
dans la classe vide en pleine nuit
j'entends la fatigue des gouttières
impatientes elles chantent mal
applaudissent au-dessus de ma tête
je passe à travers le décor
l'incontinence du ciel
éclosion de soleil mitraillette
saisons fast forward
les arbres trompe-l'oeil
tout me crache dessus
oublie mon imperméable
oublie de revisser l'heure
sous mon courage versé trop vite
il y a longtemps
que je ne sais plus
ce que je dis.

mardi 6 novembre 2012

VHS

Comme après le choc
du tape à la fin de la cassette VHS
le temps se rembobine
pas assez vite à ton goût des amours
à reculons
défilent à l'envers
be kind rewind
ton écran neige
ta mémoire coince
joue des reprises des saisons précédentes
les acteurs font le trottoir
les épisodes fantômes
brouillent ton canal tu risques
de passer tout droit
manquer la prochaine sortie
au recyclage t'as jeté ton radar
ton espoir ta fatigue
tes antennes de métal
tu notes
l'hiver arrive
faudra appeler la station
résilier le contrat
ravaler les émissions
se désabonner du désir.

samedi 3 novembre 2012

Le ciel est lisse comme une erreur

Le soleil s'est perdu
en chemin
aspiré par la vitrine
du pawn shop
pendant que je revendais
la pluie pour m'acheter
de la pornographie
amoureuse
mes lacets se détachent
faut croire qu'ils
se trompent
le quartier est inondé
même ma haine
prend l'eau.

jeudi 1 novembre 2012

La tôle nous protège

J'ai vu ma photo
sur un pôteau
c'était écrit
« garçon perdu »

il s'est enfui par la fenêtre
il grince dans les toitures
il ne sait plus comment dormir
il ne mange rien

sauf le temps qui reste
par petites bouchées
trottoir mémoire sommeil
presque une éclipse
cligne de l'oeil
cligne une année
il est déjà loin.

le garçon est perdu
je n'ai plus de
téléphone
je n'ai pas de
récompense
si on le retrouve

mais aucune crainte
la pluie est une bonne cachette
les paratonnerres me l'ont dit
on ne le reverra pas.